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C’est le premier jour du mois de mars, parfait pour commencer un nouveau chapitre dans ce voyage. Divers derniers préparatifs me font commencer plus tard que prévu, il est presque neuf heures lorsque je lance mes premiers coups de pagaies. La cargaison est lourde, en tout, j’ai deux sacs étanches de quinze litres chacun, un sac de randonnée de quarante litres, un saut hermétique pour la nourriture (dont 10 kg de riz) et un dernier sac pour les dernières choses que j’ai récupéré et que j’ai emmené rapidement. La mer est calme, le ciel est bleu et beau, il fait déjà chaud, je souris, je suis content. Enfin, c’est la mise à l’eau et la preuve de la réussite de la première partie du projet. Heureux, mais aussi lourd chargé comme cela. Les personnes du port m’octroie un dernier au revoir, parfois l’air amusé sur mon objectif et mon allure, parfois plus inquiet, comme Isidoro qui prendra un bateau motorisé pour me rattraper et m’indiquer le meilleur endroit pour moins subir le courant, qui est bien entendu contre moi. Il me répète que la pirogue est trop petite, que je ne peux pas le faire, que dès la pointe signifiant la sortie de la baie, je serai en danger avec des remous qui me balanceront dans tous les sens et surtout sur des rochers. Mais il me souhaite bonne chance, il voit bien que rien ne me fera reculer désormais. Je ne le sais pas encore, mais je le reverrai.

Clairement, mes réglages sur le balancier ne sont toujours pas bons, j’accoste rapidement, je le décale de nouveau et espère que la pirogue cessera de pencher à droite. Bon ce n’est toujours pas suffisant, mais peut-être est-ce normal de devoir ramer plus du côté du balancier. Je suis en plein apprentissage, c’est normal d’avoir quelques échecs et réglages à aborder. De toute façon, j’ai plein d’énergie, je décide de forcer. Quitte à être têtu, autant l’être jusqu’au bout. Mon moral prend juste un petit coup lorsque je me retourne, résolument la vitesse me fait défaut et toujours voir Bahia Solano après une heure n’était pas dans mes prévisions. Mais voilà mon projet se réalise alors restons optimiste. Un deuxième coup de sape viendra lorsque je prendrais le temps de mettre du sucre dans mon eau pour l’énergie, le temps de tout sortir, faire une courte pause et je m’aperçois que j’ai parcouru trois cents mètres… dans le sens inverse. Non seulement, je suis lent, mais je n’ai pas le droit à des pauses. Je ne vais pas me laisser faire, je force, je serre les dents et tire encore plus fort sur ma pagaie. Qu’essaie-je donc ? Lutter contre la mer ? Passer une seconde vitesse comme si le bateau manquait juste d’élan pour aller vite ? Une heure de plus et je dois faire une nouvelle pause, plus courte celle-ci, j’ai retenu la leçon. Surtout que je vois passer une bouée d’amarrage comme si elle avait des nageoires la faisant avancer. Étrange. J’aperçois un aileron, voilà l’explication de cette propulsion. La peau est noire, luisante, lisse et donne envie d’être caressée. L’aileron est arrondi, ce n’est pas un requin, j’opte pour un dauphin, peut-être ne se sentant pas en danger, souhaite-t-il me saluer. Il tourne autour de moi, se rapproche, à cinq mètres il s’immerge pour passer sous le bateau, il fait la même taille que ma pirogue. Je me rétracte à l’intérieur, c’est la première fois que je suis si proche d’un animal sauvage si grand. La peur me saisit, je ne sais pas ce que c’est après tout, mais c’est bien plus grand que moi. Je n’aurais pas vu sa face, encore moins ses dents. Je m’étais imaginé pouvoir plonger au large, je fais déjà une croix dessus, sans expérience et connaissance cela pourrait être dangereux. J’apprendrais par la suite que c’était un requin baleine, magnifique spécimen inoffensif pour l’humain, il n’en reste pas moins puissant et capable de ruiner mon embarcation.

Il faut vraiment que je change mes derniers sommeils avant un départ, je suis un habitué des courtes nuits, car je suis souvent en retard sur les derniers préparatifs. J’ai dormi à peine quatre heures, il me faut une plage pour me reposer, après je serai forcément plus rapide, me dis-je. Je grignote et m’endors rapidement. Il est déjà quinze heures, el faro actant la sortie de la baie est encore loin. L’expression « je rame » n’a jamais été aussi appropriée. Je ne vois pas ce que je peux faire, je prends mon mal en patience, j’évite de regarder derrière ou vers la côte, je reste concentré sur mon objectif, sortir de la baie, entrer dans le Pacifique et dorénavant trouver une plage dès l’océan atteint. Je ne rallierai pas le prochain village aujourd’hui comme prévu, c’est une évidence maintenant, mais l’importance est d’éviter tout écueil, alors ma première journée sera une réussite.

El faro, l’on m’avait prévenu, est parsemé de rochers et est excité par des courants contraires, même les bateaux à moteur craignent le passage. Je m’en rapproche, des oiseaux montent la garde, c’est leur domaine. À Bahia Solano, j’avais promis que j’allais voir, si je ne le sentais pas, j’allais faire demi-tour. J’enfile mon gilet et me lance. Je suis effectivement plus ballotté, je sens que l’activité sous-marine est plus intense, comme si les sensations de la pirogue se transmettaient en moi, je sens la résistance, parfois la mer me stoppe quasiment net. La surface change régulièrement, semblant parfois lisse et d’autres fois emplie de flot. Je me sens encore en contrôle, je dois passer entre des rochers, mais les portes sont larges de dix mètres. Accalmie au milieu et je repars, je suis serein, je sors du passage et me dis que le stress était surtout dû aux mises en garde. Je me convaincs également qu’il faut que je conserve ces mises en garde, être sur le qui-vive me permettra de pouvoir parer les dangers. J’aperçois une grande plage, elle semble parfaite pour ma première nuit. Elle semble. Je me rapproche, les vagues sont de taille raisonnable, je me lance, elles aussi, elles grandissent, mais j’ai juste à me laisser porter, me laisser porter sur les rochers immergés, invisibles avant de s’en approcher. La pirogue les heurte sur le dessus, je saute hors de l’embarcation pour la tirer rapidement loin des pics. Je sens que mes jambes ont pris quelques coups et quelques égratignures, mais je suis sur la plage. La fatigue a précipité mon jugement, il me faudra faire plus attention à l’avenir, j’aurais pu heurter de bien plus mauvaise façon ces rochers.

Il y a des réjouissances, je suis aux premières loges pour le crépuscule, de toute façon la plage donne sur une pente tellement raide qu’elle ressemble à une falaise, alors bloquer au milieu, je ne peux pas le manquer. J’avais d’ailleurs omis de m’assurer d’un détail en accostant ici, il me faut deux arbres pour accrocher le hamac. Il n’y en a pas. Je rapproche des troncs portés et déposés par le courant. Je peux finalement accrocher mon couchage, je suis fier d’avoir solutionné le problème si vite… Il me faudra finalement plus de deux heures pour réussir à caler les arbres pour qu’ils puissent supporter mon poids. Heureusement que la nuit était claire pour me permettre de réaliser mon labeur. Cela a continué avec le fardeau de devoir remonter la pirogue en haut de la plage pour parer la marée montante qui devrait survenir aux alentours de minuit. J’utilise quatre rondins de bois que je place en dessous pour pouvoir la faire rouler jusqu’en haut, 3 mètres par 3 mètres. Il ne me reste plus beaucoup de force, je jette tout dans cette ultime bataille de la journée. Je n’ai même plus d’appétit, je mange une demi-noix de coco et me couche. Je n’ai rien où accrocher la bâche en cas de pluie, je scrute le ciel tel un fin connaisseur, mais je croise les doigts surtout. Je m’endors avec les étoiles au-dessus de ma tête, j’ai à peine le temps d’en profiter que mes yeux se ferment. J’ai quand même de la chance. Je suis réveillé par la marée qui n’est plus qu’à deux mètres de moi, c’est ce que j’avais calculé, heureusement, je ne m’étais pas trompé, mais j’ai tout de même attendu de la voir redescendre pour me rendormir. Rapidement, je me réveille de nouveau, cette fois-ci, ce sont les douleurs dans mes bras qui me lancent, pas des courbatures, des douleurs comme si j’avais enduré un combat toute la journée. J’essaye de m’étirer, mais il est clair que mon corps a du mal à encaisser, il en a trop enduré aujourd’hui. Ma nuit alternera entre lourd sommeil et insomnie.

Aux premières lueurs, je me lève. La marée est basse donc même besogne que la veille pour descendre la pirogue jusqu’à l’eau surtout que je dois changer d’endroit pour éviter les rochers. De plus, je dois refaire toutes les attaches des cordes, le départ sera de nouveau à neuf heures. J’aperçois des dauphins, je me dis que c’est bon signe et je me lance, je passe une dernière vague en poussant et dès que l’eau atteint ma poitrine, je saute dans la pirogue, c’est sport, mais j’ai eu la réussite de mon côté. Cela me donne du courage, il m’en faut, car ma progression est toujours pénible.

Pour le déjeuner, je veux accoster pour éviter d’être repoussée en arrière par la marée, je scrute, cette fois, je veux m’assurer qu’il n’y a pas de rocher. La voie est libre. Les vagues me paraissent abordables, un dernier regard et le doute s’installe, je n’aime pas les rouleaux du bord, ils paraissent creuser le sable, mais je n’ai pas le temps de rebrousser chemin, ma pirogue se lève, je n’avais pas vu que certaines vagues partaient de plus loin et montaient plus haut. Elle me pousse vers la plage, je surfe et commence à perdre l’équilibre, c’est le balancier qui heurte le sable en premier, mais le reflux me ramène sur l’eau, je saute et pousse pour la sortir de l’eau, mais l’eau est trop forte, une nouvelle vague arrive, me submerge, inonde la pirogue, mais nous dépose plus loin sur le sable. Une nouvelle fois, j’ai pris des coups, mais je n’ai pas le temps d’y penser, il faut que je monte la pirogue avant qu’elle ne se fasse emporter. Je cours pour sortir le paquetage et l’alléger. Je fais les aller-retour au pas de course pour maintenir le bateau tant bien que mal sur le sable à chaque nouvelle vague. Je perds du terrain sur la mer, mais je n’abdique pas. Je dois vite vider l’eau dedans pour pouvoir la déplacer, j’y parviens en soulevant le balancier et à la prochaine vague, je peux enfin l’installer sur le sable brûlant à l’écart des crocs marins. Tiens, je n’avais pas remarqué en déchargeant les sacs que le sable était tellement ardent que même en courant, il me brûlait. Je ne peux que constater les dégâts sur la pirogue, il manque une des cales permettant de tenir le balancier et il va falloir remonter toutes les parties. En prime, je ne peux pas accéder à l’ombre avec la pirogue, le chemin à parcourir en la tirant serait bien trop long.

Une bonne heure et demie après, c’est remonté, mais les mêmes vagues me font face. Approximativement, toutes les 10 minutes, il y a des accalmies de trente secondes, il ne me faut pas moins pour passer la barrière de vague. Cette fois, c’est la bonne, je pousse de toutes mes forces, mais le premier petit rouleau à la jointure entre sable et eau me retarde, quand je le dépasse une vague s’est déjà formée, je ne peux pas arrêter la propulsion, je suis impuissant. Je vois la vague s’amplifier, je la vois arriver, l’inévitable me frappe, la vague se vide sur la pirogue, elle est pleine, elle est lourde, je ne peux plus la manœuvrer, je ne peux qu’attendre le prochain flux. Je sors vite de ma position dangereuse, entre le canot et le balancier, heureusement, car la pirogue se soulève, se retourne et frappe le sable. Elle est bloquée et subit encore les vagues, je dois démonter le balancier en urgence, je m’étonne que rien ne semble cassé, mais pas le temps de me réjouir, je cours vider les sacs, j’essaie de sortir de ma tête cette impression de déjà vu en posant les sacs au même endroit, je cours et j’espère que c’est la dernière fois. Une heure et demie plus tard, je peste, je râle un peu, mais je sens qu’il faut que je garde ma force, je ne peux même plus en parler au pluriel. La pirogue est remontée et rechargée, je bois mes dernières gouttes d’eau et m’assois en partie pour observer la mer, en partie, car mes batteries sont vident. Je ne devine aucun signe qui annonce les moments d’accalmie, il ne me reste plus que l’instinct. Je le laisse venir pendant une vingtaine de minutes. Je veux quitter cette plage. Une fenêtre semble apparaître, je cours, je donne tout, je passe le rouleau et une première petite vague, l’eau m’arrive au cou et je saute dans le bateau, une plus grande vague arrive, elle me fait peur, je me contracte comme si cela allait changer quelque chose, je rame de toutes mes forces, la proue se lève, le bateau se cabre, je suis plus près de la verticale que de l’horizontale, mais je me retrouve sur la vague puis bascule, je l’ai passé et avec elle la barrière des flots qui me retenait sur terre. Les larmes me montent aux yeux, c’est avec émotion que je lance un dernier regard en arrière. Le lieu que j’avais choisi pour me reposer m’aura épuisé.

Je vogue, je me dis que rien ne peut faire empirer cette journée, le pire est forcément derrière. Il est déjà tard et je continue à ramer. L’idée d’arrêter maintenant est de plus en plus omniprésente dans ma tête. Je scrute les plages, rien d’accueillant, ce n’est même pas la peine de s’approcher, le grondement des vagues me le souffle à l’oreille. Je ne veux pas regarder l’heure, cela ne m’apporterait ni réconfort ni information utile. La houle se lève, ma pirogue avec, mais je ne sens pas de déséquilibre. Les vagues viennent parfois de derrière, parfois de la droite, mais je ne ressens pas de danger. Tout de même cela donne presque le vertige et plus j’avance, plus je vais haut. Ce n’est pas des vagues cassantes alors elles ne font que me porter, mais je ne les quitte pas des yeux. J’estime les creux à au moins deux mètres. Je ne me sens pas en danger, mais j’ai le mal de mer. Non ce qui m’inquiète, c’est le soleil, il est vraiment bas et aucune plage visible. J’espère, j’imagine une plage calme après la petite anse où je pourrais poser délicatement la pirogue et sortir calmement. Je n’ai pas le temps de sourire de cette image, le soleil s’enfonce dans l’océan et la peur m’envahit.

Il fait encore jour, mais je ne prévois pas plus de trente minutes avant le noir. Il faut que je quitte l’eau. C’est là que par miracle, j’aperçois une maison entre la côte et une sorte d’île, il doit forcément y avoir une plage. Depuis ma remise à l’eau, je suis plus au large, repoussé par de nombreux rochers. Je commence à me rapprocher, les secousses s’accroissent. Je peux encore maintenir un écart suffisant avec les rochers. J’aperçois comme une boule noire dans l’eau, c’est dans ma direction alors je me rapproche. Encore quelques mètres et je reconnais une loutre de mer, interloquée, je devine son corps sous l’eau, seule sa petite tête émerge, ses grands yeux écarquillés de surprise brillent. « Quelle est cette chose et surtout que fait elle là ? », doit-elle se demander. C’est elle qui est à sa place, pas moi. Je n’ai pas le temps de lui expliquer, je rassemble ce qui me reste d’énergie, l’eau semble agitée au bord, mais rien d’insurmontable, me dis-je, voilà mon issue. Ouf, non, quoi, cul-de-sac. Il n’y a pas d’issue. Le passage est complètement fermé par des rochers que je ne voyais pas dans cette semi-obscurité. J’aperçois les habitants de la demeure qui m’observent, j’espère un signe, mais rien. Volte-face, je dois faire le choix de retourner au large pour contourner les rochers ou tenter un passage étroit entre deux rochers. Je ne veux pas me retrouver dans l’obscurité totale, j’opte pour le raccourci. Il y a cinq six mètres pour passer, les vagues arrivent de face et de derrière, je pense pouvoir éviter le moment où elles se heurtent. J’attends quelques secondes et je me lance, le timing a l’air bon, au dernier moment j’aperçois un rocher immergé au milieu du passage, je n’ai plus de marge de manœuvre, si je dérive de quelques centimètres, je cogne de la pierre, mais ça passe. Les épreuves sont terminées… pour aujourd’hui.

Les habitants viennent m’accueillir, m’aident à remonter sur la plage. Je suis content de ne pas être seul. Je suis encore sous le choc, je ne comprends pas trop ce qu’il se passe et je me laisse presque porter par eux jusqu’à la maison. Ils sont jouasses, je suis une attraction pour eux. Je pourrais tout leur passer là. Après quelques minutes, la femme pose son regard sur moi : « Tu as eu peur ? ». Je n’ai pas besoin de répondre, mes yeux parlent pour moi. Ils ont été le réconfort dont j’avais un grand besoin à ce moment, ils étaient une nécessité. Ils m’ont nourri, fourni de l’eau pour me désaltérer et me laver, j’ai dormi comme un bébé.

J’étais ému de repartir le lendemain, je repartais avec de l’entrain. D’ici quelques heures, je pourrai me poser dans la petite ville et enfin envoyer un message pour dire que tout va bien. J’avais laissé entendre que cette première étape devait être réalisée en une journée, j’en suis à la troisième. Je pagaie avec entrain, pour la première fois, il me semble que le courant est parfois favorable. J’avance, mais je vois bien que le but est encore loin. Mais je me berce dans l’idée qu’aujourd’hui, j’attendrai le moment de la pause. Un bateau à moteur passe, les habituelles questions que nous pourrions résumer à : « Qu’est-ce que tu fous là dans ta boîte d’allumettes ? ». Ils me proposent de me remorquer un peu, je refuse et ils repartent. Je les regarde filer vers l’horizon, le même que ma destination, je regrette ma réponse. Mes regrets augmentent lorsque je réalise les heures qu’il me reste. J’entends un moteur, un autre bateau arrive, nous discutons et il me pose la même question, je ne sais même pas si je l’ai laissé finir avant de dire oui. Nous amarrons ma pirogue et enfin j’entrevois de la vitesse. Je n’ai aucun scrupule, je n’en peux plus. Nous rentrons dans l’enceinte d’El Valle, je suis soulagé.

Je vais devoir repenser à cette étape, les difficultés que j’ai rencontrées. Ma pirogue est définitivement trop petite pour moi, pas assez large elle s’enfonce et mon tirant d’eau est bien trop important. Mes bras se sont bien défendus, mais ils doivent aussi progresser. Enfin, l’océan m’a envoyé des avertissements, je ne dois rien prendre à la légère, sa force et sa fougue n’ont pas d’égaux. Je commence à songer que ma destination finale pourrait changer. Je n’ai plus de force, il ne sert à rien de tenter de résoudre cela maintenant. L’on m’indique le chemin d’un hôtel, je tangue, c’est le mal de terre que je ressens maintenant, mais je le supporte, je sais qu’il n’y aura plus de galère et d’effort aujourd’hui.